| De ce que je me souviens, j'ai toujours été une élève studieuse et appliquée... Jusqu'à ce jour... ce jour qui me marque encore. Studieuse, appliquée mais très très susceptible... Et prête a tout. J'avais 8 ans et déjà j'avais sauté une classes. CE2... pas très difficile à sauter. CM2, j'étais plus chétive que les autres. Normal, avec un an et demi d'avance... Je ne jouait pas dans la cour en courant, je me consacrais aux livres plus qu'aux relations avec les autres. Ils ne m'auraient pas acceptée, de toute façon... Grâce à mes heures de lecture journalières, j'avais quelques notions d'anglais et d'espagnol, en plus d'être dans les premiers de classe. Mais je ne m'en vantais pas... trop consciente d'être déja considérée comme différente des autres. En cours j'étais au premier rang, seule. Et puis ma maîtresse, Madame Monsoro m'a attribué une voisine, prétextant qu'une voisine me ferait le plus grand bien et qu'elle devait arrêter de bavarder. Nous ne nous parlions pas, même pas un regard. Et puis un jour, sans faire exprès, j'ai fait tomber sa trousse. Celle ci s'est répartie sur le sol... je me suis précipitée pour ramasser ses affaires mais elle m'a arrêtée avec un regard méprisant.
- Touche pas à mes affaires, tu vas les salir.
Ses paroles me font assez mal. Plus que ça, elles me font très mal. Je manque de me mettre a pleurer. La maîtresse était sortie et ne voit donc pas la scène. Faire des photocopies je crois... Cette petite peste dont je ne connais plus le nom se relève avec sa trousse, méprisante. Et puis elle se met a rire de moi alors que de lourdes larmes coulent sur mes joues. Des larmes qui fendent mon cœur chaque fois que je les sens quitter mes yeux.
- Va bruler en enfer !Elle répète sans doute sans savoir ce que c'est, bruler, même l'enfer est-ce qu'elle sait ce que c'est ? Je ne sais pas et je ne saurais jamais... mais moi. Moi je sais... Et j'ai mal. Encore... Et la classe entière se met à rire. Voilà, Lully, l'intello, la plus jeune de la classe et de loin. Une vague de haine indicible est passée sur mon visage. Je me suis relevée, et mon regard est tombé sur un briquet posé sur le bureau. Sans réfléchir je l'ai attrapé et j'ai allumé la robe de ma jeune camarade sans plus de concessions. Et puis tout s'est allumé. Elle hurlait, le rire avait laissé place à des cris d'horreur. Je suis partie en courant devant ce que j'avais fait et j'ai fermé la porte, m'asseyant contre le mur. Les alarmes anti-incendie se déclenchent... je reste là à pleurer. Pleurer devant la porte. J'entend les hurlements... ces mêmes qui résonnent encore dans ma tête. Toujours...
Les hurlements cessent, la fumée passe a travers la porte et je m'évanouis... Lorsque les pompiers arrivent ils ne me retrouvent que moi, évanouie devant la porte, coupée par les morceaux de verres des glaces de la porte qui ont explosé. A l'intérieur tout n'est plus que cadavres... 5 élèves ne sont pas encore morts. Dans sa stupeur, la petite que j'ai allumé a mis feu à toute la pièce. Les 5 sont gravement blessés...
De la classe de CM2 A je suis la seule survivante. La seule qui reste et persiste, les autres sont morts mais j'aurais du mourir. Les monstres doivent mourir. A mon réveil on m'assaillit de questions diverses... Que s'est-il passé ? Pourquoi est-ce que j'étais dehors ? Je refuse de répondre alors que mon regard vert se teinte de tristesse. Ses cris me hantent et me hanterons toujours... Je suis un monstre.
Pendant plusieurs années on m'emmènera voir des psychologues, tous les médecins possibles et imaginables. Même mes parents essayeront de récupérer ces informations de moi. Mais non... La cause de cet incendie restera un secret gravé dans ma mémoire.
On abandonne finalement, partant du principe que le traumatisme est trop grand. Je pense toujours, et je reprend une scolarité à peu près normale... L'entrée en sixième, une occasion de recommencer. Nouvel établissement, nouveaux camarades de classe. Et ma scolarité revient dans les normes, alors que je tente vainement d'oublier ce qu'il s'est passé... Je passe mon bac, avec une petite mention. Je suis la fierté de mes parents... mais comment peuvent-ils être fiers d'un monstre ?
Depuis cet accident je me suis séparée d'eux. Mes cheveux blonds deviennent bleus, je commence a me maquiller... Je suis mieux acceptée partout où je vais maintenant que j'ai grandi, je suis plus sociable aussi. Je fais beaucoup de bêtises plus pour amuser la galerie qu'autre chose.
Et puis... le deuxième élément important de ma vie. Une rencontre fortuite qui change ma vie du tout au tout. Si j'ai appris "l'amour" sans vraiment le connaître, rechignant a montrer mes sentiments a cause du fait que pour moi je reste un monstre, les plaisirs charnels me plaisent. J'ai en général deux années de moins que ceux avec qui je traîne pourtant je ne suis pas la plus innocente ni la plus chaste. Je me fais des amis mais lui.... lui...
Je marchais de nuit, sans réellement penser. J'ai débuté ma 2e année de droit et je m'amuse bien mais quand je m'ennuie je sèche. Je suis tout à fait dans les normes, avec une petite moyenne stabilisée à 14. Plutôt dans le haut de la classe, alors les professeurs me fichent la paix.
Mes parents m'avaient laissé un appartement pas très luxueux, mais confortable et joliment aménagé juste en face de mon bahut. Un cauchemar m'avait pris et j'étais sortie marcher un peu. Constatant à quel point cette ville était minable. Hormis le centre commercial... voilà quoi. Je portais un slim blanc avec un léger pull avec un grand décolleté rayé gris et blanc. Je marchais sans me douter de rien quand quelqu'un arriva devant moi, on me souleva légèrement pour me faire quitter le sol. C'était un homme, assez grand avec des cheveux blancs.
Quand il me bloque contre un arbre qui avait le malheur d'avoir poussé à cet endroit, je comprend que ses idées ne sont pas particulièrement catholiques. Je ne pleure pas, je ne peux plus pleurer. Et puis peut être qu'après tout je le méritais.
Es ce mon châtiment pour être un monstre ? Ce qui ne permet pas de supplier un instant dans un murmure.
- Arrêtez... je vous en supplie.Je vois ses canines... Un vampire ! UN VAMPIRE ! Je repense à toutes ces légendes... je vois ma vie qui s'arrête là, contre un arbre. Pourtant il s'arrête net, comme en proie à un malaise profond... Il ne me fera rien ce soir là...
L'explication ? Même lui ne la connaît pas, ou peut être qu'il s'en doute... Elle est toute sim...très complexe. Une de mes arrières grands mère -à un quelconque degré- a été vampirisée par le grand père Divaldo. Et là, ça commence à être le bordel. On vous passera les détails, toujours est il que cette charmante arrière grand mère au Nième degré finit par connaître le grand père Naylo. Tous les ancêtres d'Artémisounet s'en retourneraient dans leur tombe, mais ce cher papy Naylo -ça devait être lui qui avait un humour tordu, et a collé des noms grecs à tout sa famille- se marie avec notre Mamie citée précédemment. Vous commencez à entrevoir le problème ? Oui, on a un sang commun. J'ai du sang commun avec un vampire ! Heureusement que je ne le saurai jamais, sinon j'en deviendrais folle...
J'ai récupéré malgré moi un jouet répondant au moindre de mes désirs, il ne semblait pas réellement comprendre pourquoi, comment mais il était a moi. D'ailleurs il s'installe chez moi et nous faisons connaissance tranquillement. Il ne peut pas me mentir alors j'en apprend plus ou moins sur lui. Et puis l'inévitable arrive un peu vite mais puisqu'il était inévitable, mieux vaut tard que jamais. J'étais passablement énervée quand je rentre dans mon appartement. Enervée est même un euphémisme. J'ai bien cru démonter la porte tellement je l'ai claquée fort, énervée par un tas de petits détails stupides en attendant c'était Arty d'amour qui allait souffrir...
Il se préparait un café le pauvre - avec ma superbe machine Nespresso - je rentre dans ce qui est MA chambre et qu'il ne partage pas d'ailleurs, faut pas charrier. Je dépose en douceur mon sac dans la pièce - Comprendre : je jette mon sac dans un coin de la pièce avec brutalité - et je me déshabille rapidement. Une douche froide, j'ai besoin d'une douche froide. Une douche froide qui ne dure qu'une minute alors que des idées pas super super catholiques envahissent mon esprit et réchauffe mon corps. Bref un étonnant cocktail qui dépose de la buée sur la vitre de MA douche. Bref, au bout de même pas une minute je sors, trempée et j'enfile un peignoir sans prendre la peine de prendre des chaussons. Je marche donc sur le carrelage froid de MA salle de bain pied nus... maman serait devenue folle. Je m'approche de la porte de ma chambre que j'ouvre. Voilà il boit son café maintenant. Je m'appuie dans l'encadrement de la porte et je l'observe de mon regard perçant. Aucun sourire sur mes lèvres... Je passe une main dans mes mèches rebelles, pour une fois je n'ai pas mes nattes. Partis sous la douche. Et puis au fil des minutes où on se regarde sans rien dire un sourire espiègle apparait sur mes lèvres. Assez effrayant pour lui vu mon précédent état d'énervement et mon calme olympien actuel. Je m'approche doucement de lui, prédateur, il est la proie. J'arrive a son niveau, mon petit sourire aux lèvres. Je me hisse sur la pointe des pieds et je dépose un léger baiser sur le coin de ses lèvres. Finalement il me prend dans ses bras et même en étant bien plus grand que moi, il arrive a m'embrasser avidement. Inutile de préciser la suite... j'ai rapidement pris la place de ma machine Nespresso - qui a rejoint le sol avec mon peignoir et ses vêtements. Comme ça, même assise j'étais presque à sa hauteur. Juste un peu plus grande...
Aujourd'hui. Il a commencé a s'intéresser à moi, ou a ce que je voulais bien laisser entrevoir de moi. Mon enfance reste un secret que même avec la meilleure volonté du monde je ne pourrais révéler. J'en est appris plus sur lui... Notre relation a considérablement avancé et pourtant, elle a aussi stagné... Il reste mon jouet. Et mon amant désormais...
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